Depuis ma retraite, je me suis lancé dans la généalogie familiale. J’avais déjà commencé un peu au début de mon mariage, mais cela se limitait aux vivants, pour expliquer ma famille à mon épouse, et réciproquement. C’est un sujet passionnant, qui touche aussi légèrement à la géographie et à l’histoire. Il faut dire que j’ai la chance d’être né genevois, avec des ancêtres haut-savoyards pour 7/8 (le reste se partageant entre les cantons de Vaud et de Berne), et que tant la France que le canton de Genève ont depuis longtemps mis en ligne leurs archives d’état-civil ou de paroisses ; le canton de Vaud a suivi il y a 2 à 3 ans, et pour le canton de Fribourg, d’où vient mon épouse, il faut encore se déplacer pour consulter des microfilms. A part cela, je puis donc pratiquement tout faire sans bouger de mon ordinateur.
Mes données sont déposées sur GeneaNet.com, qui a la particularité d’être entièrement gratuit, de rester propriétaire de mes données, de les paramétrer (par exemple : de masquer les informations des personnes vivantes), de pouvoir consulter les données d’autres membres, et de recevoir des alertes lorsqu’un autre membre a mis en ligne de nouvelles informations sur un certain patronyme pour un lieu et une période donnée (par exemple : tous les Berthet de Fillinges, ou les Bosonnet de Taninges entre 1600 et 1800). On peut aussi ajouter quelques documents (pièces d’état-civil ou photos de famille). GeneaNet peut être considéré comme une zone d’échange d’informations de type win-win : les données d’autres personnes peuvent m’être utiles, et mes données peuvent être utiles à d’autres. Dès que l’on a atteint un certain volume de données, je recommanderai toutefois de passer en membre premium : pour moins de 50 euros par année, nous sommes avisés de tout nouvel ascendant ne figurant pas encore dans nos données ; en 2022, la première année où j’ai fait ce choix, je suis passé de 1200 ascendants Sosa à 2000 ! Actuellement, début 2025, j’approche les 3000, avec un taux d’implexe d’environ 24 %. Et il faut penser que presque chaque ascendant a plusieurs frères et sœurs qui ont eux-mêmes conjoint, enfants, et autres descendants, lesquels n’ont pas de numéro Sosa, mais étoffent tout de même grandement l’arborescence.
Pour des raisons de protection de la sphère privée des personnes potentiellement vivantes, les données de moins de 100 ans environ ne sont pas accessibles sur les services d’état-civil, et si l’on souhaite commencer sa propre généalogie, il faut pour cette période avoir recours à la mémoire de l’entourage familial. Plus loin dans le temps, commence la recherche dans les archives d’état-civil, ou parmi d’autres généanautes, mais il faut prendre garde que tout ce qui est publié par d’autres personnes privées risque de comporter un certain pourcentage d’erreurs, et je ne peux que conseiller de toujours vérifier dans la mesure du possible les informations récoltées auprès de particuliers. Un intérêt de consulter les données d’autres personnes est de se trouver des cousins éloignés ; j’ai par exemple découvert une partie de la famille de ma maman qui a émigré de Taninges en Irlande sous Napoléon III.

Mais comment faire grandir son arbre, et comment l’étoffer ? Partant d’un individu donné, connaissant sa date et son lieu de naissance, on trouve dans son acte de naissance ou de baptême les noms et prénoms de ses parents. Avec une recherche sur ces noms et prénoms dans GeneaNet, on obtient leurs dates et lieux de naissance, de mariage et de décès. On obtient également les prénoms et dates de naissance des frères et sœurs de l’individu donné. Trop facile ? Nous avons exposé ici une situation idéale, où tout est connu ; dans la pratique, il manque souvent une ou plusieurs informations, et la recherche s’apparente beaucoup à un travail de détective. Si la date de naissance est approximative, il faut parcourir les registres de naissances ou de baptêmes. Manque-t-il le lieu de naissance, il faut consulter les répertoires cantonaux ou les tables décennales départementales. Quand la recherche Geneanet sur les parents ne donne rien, on peut espérer trouver sur les fiches de recensement. Parfois, pour des événements relativement proches, les avis de décès peuvent délivrer quelques informations. Dans d’autres cas, enfin, il faut se dire que l’on ne trouvera pas sur le moment ; peut-être qu’un jour, quelqu’un trouvera l’information qui nous manquait. Une généalogie n’est jamais terminée ; c’est peut-être frustrant pour quelqu’un de vif ou de pressé ; mais pour ceux qui sont patients et méticuleux, la satisfaction réside dans le travail déjà réalisé.
Disposant de beaucoup de temps libre, je me suis aussi amusé à rechercher tous les Berthet, principalement en France, mais aussi beaucoup plus loin, sachant d’avance qu’il n’y avait pratiquement pas de probabilité d’y trouver un lien de parenté ; j’en ai plus de 10000, répartis sur environ 400 ans, mais ils ne figurent pas dans ma base de données Geneanet. Je suis aussi intrigué par la localité de Villa Berthet, dans la province de Chaco, en Argentine, le chef-lieu du département de San Lorenzo, et si quelqu’un pouvait me fournir des informations sur le fondateur de cette ville en 1929, je lui en serais très reconnaissant.
Vous qui m’avez lu jusqu’ici, nous sommes peut-être apparentés ; qui sait ?



Annexe : la numérotation Sosa
Cette méthode de numérotation des ascendants par un numéro unique a été mise au point par Jérome de Sosa en 1676, et reprise par Stephan Kekulé von Stradonitz en 1898, et est aujourd’hui universellement reconnue par les généalogistes.
Le principe est simple : la personne dont on étudie l’ascendance, appelé de cujus, et qui est à la racine (ou au tronc) de l’arbre, porte le numéro 1, son père le numéro 2, sa mère le numéro 3, son grand-père paternel le numéro 4, sa grand-mère paternelle le 5, son grand-père maternel le 6 sa grand-mère maternelle le 7, etc. On remplit ainsi chaque génération, ligne par ligne. On en tire quelques axiomes mathématiques simples :
- Mis à part le de cujus, tous les hommes ont des numéros pairs, et les femmes des numéros impairs.
- Le père de l’individu au numéro n porte le numéro 2n, et sa mère le numéro 2n+1.
- La génération m (le de cujus étant de la génération 1) comporte 2m-1 individus, soit 1 de plus que l’ensemble des individus des générations 1 à m-1.
Cette progression exponentielle du nombre d’individus, qui double à chaque génération que l’on remonte dans le temps induit un paradoxe apparent ; en effet, il est établi qu’il y avait de moins en moins de personnes en reculant dans le temps. Comment concilier ces deux progressions antagonistes ? La réponse est : l’implexe. Certaines personnes peuvent avoir plusieurs numéros Sosa différents : monsieur et madame X ont 2 enfants qui sont tous les deux des ancêtres du de cujus, et ont donc chacun deux numéros Sosa différents ; ces deux parents occupent donc également deux positions différentes dans l’arbre Sosa. Le nombre d’individus Sosa peut donc être supérieur au nombre de personnes physiques. Nous avons pris un exemple avec 2 numéros, mais plus on remonte dans les générations, et plus on risque de trouver d’autres implexes, et plus certaines personnes peuvent avoir de nombreux numéros Sosa. Cette situation est fréquente dans les petits villages où la population est peu brassée et où beaucoup sont plus ou moins cousins ; et même dans les grandes familles : les parents du roi Charles III sont tous deux des descendants de la reine Victoria. Le taux d’implexe est le rapport entre le nombre de « doublons » et le nombre théorique de 2m-1 individus à la génération m. Le nombre d’implexes est le nombre de « chemins » différents permettant de passer d’un individu lambda au de cujus. Cette notion d’implexe est liée à la consanguinité, que nous ne développerons pas ici.

Jean-Pierre Berthet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.